Pardon du Folgoët 2020

Louanges mariales et vêpres du dimanche 6 septembre après-midi

Veillée du samedi 5 septembre : théâtre sur la vie du Bx Marcel Callo puis célébration de la messe

Messe solennelle du dimanche 6 septembre


Le pardon du Folgoët (Osservatore romano)

  • article sur les pardon en Bretagne "Dai druidi ai santi" Osservatore Romano 24 agosto 2020

https://www.osservatoreromano.va/it/news/2020-08/dai-druidi-ai-santi.html

Traduction française de l'article

Des druides jusqu’aux saints

La tradition millénaire des « pardons » en Bretagne

24 août 2020

Petits ou grands, en bord de mer ou dans l’arrière-pays, dans un bois ou au centre d’une bourgade, chaque été les nombreux pardons – manifestations de ferveur religieuse se déroulant chaque année en Bretagne – dépassent le millier de participants et leur offrent une expérience religieuse aux multiples facettes : fraternité, retour aux origines, convivialité, liturgie, rites de dévotions, célébrations, rencontres, tout particulièrement aux abords des nombreuses chapelles et églises, petits sanctuaires de grande valeur symbolique caractérisant cette région si riche d’un point de vue spirituel et culturel. » Le pardon est un temps fort pour l’annonce de l’Évangile – affirme le père Yves Laurent, du diocèse de Quimper et Léon, dans un long article diffusé sur le site de la Conférence épiscopale française – en tant qu’expression d’une foi joyeuse, d’ouverture et d’accueil des participants, bien plus vaste et diversifiée comparativement aux assemblées dominicales. En outre il permet de s’ancrer dans la culture de notre région et d’utiliser la langue bretonne C’est un magnifique présent de la tradition chrétienne à recevoir, conserver et faire connaître toujours plus.

Les racines des pardons sont doubles. Selon le père Michel Scouarnec, prêtre du diocèse de Quimper, qui a longtemps travaillé sur ce sujet, les origines de cette tradition remontent à plus de deux mille ans, dans un contexte préchrétien et probablement druidique, à la jonction de deux événements importants : l’attachement à des lieux de culte bien précis (sites sacrés, fontaines, rochers) et la réalité socioreligieuse des clans dans la culture celte. Le culte avait souvent une dimension votive : « les personnes s’y rendaient après avoir connu une épreuve afin de remercier un dieu guérisseur, remplacé dans le monde chrétien par un saint guérisseur. Dans certains cas, aujourd’hui encore, le nom d’une église témoigne de cette hérédité : par exemple la chapelle de Notre –Dame de Manéguen, dans le diocèse de Vannes, surnommée « Notre Dame gravide » parce que l’on y pratiquait des rites de fécondité avant l’arrivée de l’ère chrétienne. Dans la même région l’on trouve la chapelle de « Notre Dame de la pureté », érigée sur un site où l’on pratiquait le culte de l’eau : dans certaines fontaines les personnes s’agenouillaient et se passaient un linge imbibé d’eau sur les yeux pour soigner des problèmes de vue.

D’ailleurs – explique le père Gérard Le Stang, chargé du grand pardon de Notre Dame du Folgoët dans le diocèse de Quimper et Léon, l’un des trois plus importants rassemblements avec celui de Sainte Anne d’Auray dans le diocèse de Vannes et celui dédié à Saint Yves, dans le diocèse de Saint Brieuc à Tréguier qui enregistrent une participation de plusieurs milliers de personnes - « certes les chapelles furent construites sur des sites pré-chrétiens, mais la Bretagne est une région où l’évangélisation a été constante et très forte à partir du Ve siècle avec l’arrivée de saints fondateurs depuis les îles britanniques, et encore aujourd’hui, terre de nombreuses vocations elle très imprégnée de culture catholique,».

Du reste, à partir du Moyen-Age (époque qui voit apparaître le terme « pardon ») il ne s’agit plus d’invoquer un saint pour une guérison du corps, comme dans les premiers temps, mais de demander une guérison spirituelle. Aujourd’hui, au niveau diocésain, les pardons durent au moins deux jours, d’autres se déroulent dans un seul village mais la majorité sont des rassemblements “ de chapelle”. La plus grande partie des petites assemblées au milieu de la campagne se déroulent dans une chapelle édifiée aux abords d’une fontaine, compte tenu des nombreuses sources d’eau en Bretagne » commente pour notre journal le père Jean-Yves Le Guével, curé de Baud et responsable du pardon, dans le diocèse de Vannes, où il est chargé de la pastorale, du tourisme et de l’art sacré. « En général la procession commence autour de l’eau du baptême, puis elle se dirige vers l’église accompagnée de bannières et de chants en langue bretonne dédiés au saint patron de la chapelle. Elle est suivie d’une Eucharistie qui parfois se conclut par une bénédiction des enfants. Au terme de la journée un repas de fête en fin d’après-midi rassemble jusqu’au millier de personnes. L’organisation en est confiée à un comité spécial ou à un organisme corporatif comme celui des pompiers

Durant l’été les chapelles sont gérées par un comité spécial, créé dans la plupart des cas dans les années soixante-dix par de jeunes pratiquants tant pour conserver une vie chrétienne que pour restaurer ces petits édifices religieux. « L’attachement de la population à ces lieux est encore forte même si se pose le problème du renouvellement des groupes de volontaires par les nouvelles générations moins motivées » fait remarquer Le Stang.

Quoi qu’il en soit, la dimension culturelle est fondamentale, les pardons permettent de valoriser et de conserver le patrimoine religieux, tout particulièrement les petites chapelles. Les visiteurs veulent comprendre la signification de ces lieux spéciaux, il existe une véritable exigence culturelle que les chrétiens locaux veulent honorer. Aujourd’hui en Bretagne l’Église veut privilégier non tant les traditions liées au folklore mais bien plus une action pastorale afin de répandre l’Évangile et de vivre une expérience de communion devant le mystère de la foi. D’ailleurs de nombreuses personnes ne fréquentant pas obligatoirement la messe dominicale participent à ces pardons : voisins, familles qui se rendent en Bretagne pour les vacances, pèlerins. « Les pardons sont sans aucun doute des journées de fêtes et de communion, mais aussi et surtout des journées marquées par les processions de prière et par l’Eucharistie. Ces dernières sont des expériences paroissiales mais aussi missionnaires » insiste le père Gérard. En outre, elles représentent une occasion de collaboration avec les membres d’associations culturelles, avec la municipalité à qui appartient l’édifice et parfois aussi avec les commerçants. Le Guével quant à lui définit le pardon comme « un rare et précieux moment d’échange entre pratiquants assidus, personnes fréquentant la messe de manière occasionnelle et qui ne sont pas du tout croyants ».

Aujourd’hui la contribution de la tradition du pardon à l’évangélisation et à la vie missionnaire se révèle indiscutable – commente le père Jean-Yves – « et les diocèses cherchent à encourager le plus possible leur maintien à travers le renouvellement des groupes responsables et la diversification de l’offre spirituelle et liturgique, et de manière plus générale le développement de la vie dans les chapelles avec l’élargissement des horaires d’ouverture ».

Cet été toutefois, les organisateurs ont dû faire face à la crise du coronavirus. Bien des chapelles sont trop exigües pour permettre une distanciation entre les fidèles qui souvent se rassemblent en grand nombre en ces occasions ; voilà pourquoi il a été décidé de célébrer la messe en plein air, même si parfois il est nécessaire de résister au célèbre crachin breton.

D’autres sites plus petits ont préféré annuler toutes les célébrations ou les renvoyer dans le temps. S’adapter à l’émergence Covid 19 s’est révélé au contraire moins compliqué dans les grands sanctuaires. A Sainte-Anne d’Auray, le nombre des messes a été multiplié par cinq afin de pouvoir réduire le nombre des participants, grâce à une inscription en ligne obligatoire. Malheureusement le caractère populaire de la manifestation s’est perdu parce que certains fidèles ne sont pas nécessairement à l’aise avec les inscriptions en ligne tandis que de nombreuses personnes son venues en grand nombre de l’extérieur Un petit sacrifice qui toutefois a permis au recteur, père Gwenaël Maurey, de célébrer comme chaque 26 juillet le grand rassemblement diocésain.

Délibérément optimiste à propos du sanctuaire de Notre Dame du Folgoët, le père Gérard le Stang se réjouit quant à lui de la récente autorisation de la préfecture pour le traditionnel grand pardon début septembre qui se déroule toujours le samedi et le dimanche précédant la fête de la nativité de la Bienheureuse Vierge Marie (8 septembre ). Peu de changements par rapport au programme habituel, mais ferveur et tradition intactes pour cette célébration, ilot de sérénité à quelques jours de la reprise de l’activité professionnelle et scolaire.

D’après Charles de Pechpeyrou
Trad. Mme Jacqueline Thépaut.